Par Manon Toupin.
Après 15 ans à réaliser les rêves littéraires des auteurs, voilà que les Carnets de Dame Plume tournent la page de la maison d’édition qui sera reprise par une autre passionnée, Suzie Desrosiers. Le couple a un autre projet, celui d’une journée « Pause ».
Pour Ghislaine Boissonneault, qui était appuyée dans ce projet par son conjoint Réal Dubois (particulièrement depuis les sept dernières années), il s’agit d’une belle façon de passer le flambeau à une autre amoureuse des mots. « L’an passé à cette date, je me suis dit que ce serait la dernière année. Et voilà que Suzie s’est montrée intéressée. Ce qui nous fait le plus plaisir, c’est qu’elle est animée de la même passion que nous et qu’elle assurera une continuité », explique Ghislaine. En plus, la poète de Manseau prend la relève au même âge qu’avait Ghislaine lorsqu’elle a commencé, un signe que tout s’emboîte parfaitement.
C’est Ghislaine qui a lancé l’aventure il y a maintenant 15 ans dans sa maison de Saint-Norbert-d’Arthabaska. Après avoir réalisé un premier livre pour elle-même, elle a décidé de lancer sa maison d’édition à compte d’auteur pour aider les autres. « Il n’y avait rien en ce sens alors je n’ai que comblé un besoin », ajoute-t-elle.
Cela lui aura permis d’éditer, avec 250 auteurs, plus de 300 livres différents. Du nombre, plusieurs classes d’écoles différentes qui ont eu la chance de voir en quoi consistait l’édition d’un livre. « Chaque fois, ils nous ont laissé entrer dans leur univers » apprécient les deux éditeurs. Et parmi tous ces livres, pas de plus beau projet. « Chacun nous a apporté quelque chose. Ça nous a fait voyager », ajoute le couple Duboissono. Et le record du plus grand nombre de publications à la maison d’édition revient à Chantale Boissinotte qui a réalisé 12 livres avec les Carnets de Dame Plume.
Pour souligner la transition, ils ont organisé, il y a quelques semaines, une grande fête à laquelle 120 personnes ont assisté. De ce nombre, 35 auteurs qui avaient apporté leur livre. Cela a donné un mini salon du livre très émouvant pour Ghislaine et Réal. « C’est là que j’ai réalisé l’ampleur de ce qui a été fait », ajoute l’éditrice.
Le secret de leur succès dans l’édition à compte d’auteur aura été de donner tout le temps nécessaire à chaque projet, pour être en symbiose avec les auteurs. « Nous avons été des allumeurs de rêves, des facilitateurs. » Ce qui leur aura permis de faire des rencontres, d’entendre des histoires, bref de vivre des moments magiques avec des gens remarquables.
Et en 15 ans, le couple a remarqué que ce qui avait changé le plus auprès des auteurs qui font appel aux services des Carnets de Dame Plume, c’est un besoin de laisser sa trace et même une urgence de le faire. « À la vitesse où tout va, l’écriture d’un livre permet un temps d’arrêt. C’est également un héritage que l’auteur laisse, peu importe le genre littéraire choisi. C’est un testament amoureux », ont-ils soulevé.
« Pause » pour la suite
Parlant de temps d’arrêt, c’est ce qui a inspiré les Duboissono pour la suite. En effet, ils ont remarqué que les gens autour d’eux n’arrivent pas à mettre leur esprit sur « pause », toujours pris dans un monde où les communications sont partout. En effet, les téléphones cellulaires (les tablettes et ordinateurs) sont dans toutes les mains et les gens sont captivés par eux. Difficile de les laisser ne serait-ce que quelques minutes.
C’est pourquoi les Duboissono proposent une nouvelle expérience, une journée en silence. Intitulée « Pause », elle vise à passer une journée de congé sans toujours penser à ce qu’on a à faire. « Donner une pause au petit hamster dans sa tête », image Réal. Un sport extrême pour certains qui ne peut qu’avoir des bienfaits. « Les gens sont accotés dans la performance et ne décrochent jamais », déplore Ghislaine.
Le couple, lui, ne possède pas de téléphone cellulaire qui permet d’aller sur les réseaux sociaux et autres… Rien qu’un vieux téléphone utilisé lors de trajets sur la route et qui cause la surprise lorsqu’il sonne tellement ça n’arrive pas souvent… « On a eu un iPhone pendant trois jours. Je me sentais comme s’il y avait un étranger », se rappelle Ghislaine.
Malgré cela, ils sont quand même capables de fonctionner en société et veulent montrer aux autres que c’est possible, pour eux aussi, de décrocher de la technologie de temps en temps. « Le téléphone, c’est un outil, mais les gens en deviennent dépendants », ajoutent-ils.
Les participants aux journées « Pause » n’auront rien à faire, rien à décider ni à contrôler entre 9 h 30 et 15 h 30. « Tout ce qu’il faut faire, c’est accueillir ce qui est », expliquent les instigateurs.
Ils ont déjà fait certaines expériences du genre, sur une plus longue période afin de développer leur propre projet. Pour leur « Pause », une seule journée, sans yoga (certains se découragent d’avoir à se montrer en leggings…) où on apprend à méditer et où on prend le temps de respirer grâce à différentes techniques.
Tout cela se fera dans leur maison de Saint-Norbert-d’Arthabaska, dès le printemps prochain. « Comme pour la maison d’édition, on veut offrir des outils. Conscientiser les gens à l’importance du silence et ensuite les laisser voler de leurs propres ailes. »
Déjà, le concept a été présenté à certaines personnes et semble bien accueilli. « Et ça vient encore d’un élan du cœur », terminent-ils.
Source: La Nouvelle Union